Shizimaru Mukushi était un chef réputé pour ses faits d'armes, tout autant que pour son franc parler. Sa longue chevelure rouge sang était planquée derrière un bandana tenu en couvre chef sur son crâne, portant l'insigne de son clan. Son imposant sabre pendait dans son dos, et les stigmates de son quotidien belliqueux s'affichaient sans aucune pudeur. Il était là en ninja, en soldat, ni en diplomate, ni en négociateur. Les Mukushis, clan à la réputation sulfureuse, étaient surtout reconnu pour leur flânerie, leur aisance dans l'errance. Ermites sans chemin, ils n'avaient pour grande peur que d'être enchaînés à des règles en société. L'incroyable force des yeux de leur Chef lui valut le respect de nombre d'ennemis, ainsi que ceux qui triomphaient de leur défaite dans son tableau de chasse. Accompagné de deux acolytes Mukushis, il venait de décliner violemment l'offre des Uchiwas et des Senjus de se joindre à eux pour bâtir un "village ninja". C'était là un blasphème que de proposer ce genre d'idée aux amoureux de la liberté.
Les représentants Uchiwas avaient le sang chaud, et sang doute pas l'habitude qu'on les dénigre de telle façon. Ravalant leur rage, ils entreprirent de quitter les lieux avant de se laisser aller aux hostilités. Les Senjus eux, d'un naturel calme, prirent la réponse comme une autre, tournant les talons avec noblesse. Il y avait déjà là le tableau d'un futur combat qui viendrait à déterminer de ces noms en puissance. Et lorsque les silhouettes des tout nouveaux futurs dirigeant de l'arbre de Konoha ne furent plus que silhouette estompée à l'horizon, Shizimaru et les siens quittèrent à jamais ces terres désolées de tant de guerres, sentant plus que jamais leur légitimité à errer ici remise en cause. Lorsque leur campement fut atteint, il poussa les tissus rêches et fins isolant sa propre tente, pour y embrasser sa femme, son fils aîné et le tout nouveau né de son sang : Hayate...

Shizimaru avait prévenu un comportement animal de la part des Uchiwas. C'est la raison pour laquelle il avait guidé les siens hors du terrain de jeu des clans maudit et de la forêt. Les Mukushis traversèrent déserts, toundra et montagnes, laissant grandir la nouvelle générations de leurs nombreux pousses. Certaines batailles ôtèrent la vie à de nombreux pères, et les conditions de vie n'épargnèrent ni mères ni enfants. Les communes séances de tatoo virent naître les premiers aspirants ninjas du clan, marqués par les tatouages si singuliers de la "tribu". Ishiroo, frère aîné de Hayate, se révéla comme le point culminant des attentions au sein des Mukushis : son talent ne faisait de doute pour personne, et très bientôt il eut gain des yeux de son père. La convoitise et la jalousie firent bientôt grimper la tension, malgré la profonde inspiration que chacun portait à Shizimaru, il n'y eut que trop de désir. Certains s'élevèrent discrètement contre lui, dans l'ombre, tandis que son fils gagnait en puissance. A huit ans, il était déjà un garçon complet, un shinobi aguerri. Il s'affirma bientôt comme un petit chef, au grand dam de nombreux Mukushis qui n'apprécièrent bientôt plus la hiérarchisation du clan, tout autant que cet aspect de dynastie que prenait la descendance de Shizimaru. Hayate quand à lui se révéla l'opposé de son frère : malgré un talent indéniable, il ne démontrait que peu d'intérêt pour la guerre. Il laissait à son aîné la récolte de sa gloire, s'initiant tout naturellement à la paix. Gamin souriant et joueur, il vit son destin prendre un tout autre tournant à l'aube de sa sixième année.
On les avait vendu. Traître parmi les Mukushis, l'un d'entre eux avait convenu de révéler la position d leur campement présent aux autorités de Konoha. C'est Kyuusei Uchiwa, un peu amer de sa dernière rencontre avec Shizimaru, qui somma ses hommes de tuer hommes et femmes du clan. Le carnage arriva bien vite, et au milieu de la nuit, il ne resta bientôt plus que Shizimaru, Ishiroo et quelques Mukushis, debout parmi les cadavres de leurs, pour se battre. La lune arracha un dernier cri aux Hommes du clan, et l'on emporte tout les enfants, Ishiroo et Hayate y compris. Un dernier regard sur les leurs, gisant au sol, puis on leur vola leur enfance, à tout jamais.

Il furent amenés sur le champ à Konoha, et enfermés, sans explication aucune. Pour la première fois, Hayate découvrait ces immenses portes, ces titanesques remparts, ces tours qui chatouillent le ciel... Émerveillé et effrayé à la fois, leur entrée fut discrète, bien que les quelques villageois présent n'eurent que pitié ou appréhension en les regardant. Des gamins. Une bande d'enfants tirés tels des esclaves jusqu'au sommet de la tyrannie. D'un naturel calme et sympathique, le jeune Mukushi sentit pour la première fois une haine viscérale grandir en lui. Au fil des minutes, il réalisait un peu plus ce qui venait d'arriver. Sa rage amputa bientôt sa pensée tant elle était grande. L'éclat de ses yeux devint pétillant, tandis qu'ils rougeoyaient de se retenir ses larmes. Ishiroo lui restait torse bombé,fier, défiant quiconque du regard. On les amena finalement à l'auteur de tout cela : leur destin. Lorsqu'on les présenta à Kyuusei, son rictus en dit long sur sa satisfaction. Désormais, ces enfants seraient élevés comme les chiens de combat de Konoha. Esclaves et soldats, ils en seraient souillés. C'était là la fin du dernier acte des Mukushis en tant que clan.
Tandis que tous attendaient la réaction de leur héros, Ishiroo baissa pour la première fois sa tête. Impuissant, il sembla accepter sa défaite. Malheureusement, Hayate apprendrais vite que c'était tout autre chose que son frère acceptait : son rôle. En bon chien de Konoha, nulle ne s'attendait à ce qu'il devienne son plus fidèle serviteur. Quoi qu'il en soit, Hayate avait choisis son camp : il serait des insoumis.

Onze ans. Onze longues années d'entraînement et de combats incessants, dans l'ombre la plus totale. Jamais au grand public on avoua encore ce méfait d'avoir traîné dans la boue et le sang ces pauvres gosses comme des machines de guerre. Ils avait, en tout ce temps, vu les leurs tomber au combat. Perdu plus de frères et de sœurs qu'on ne peut verser de larme. La noirceur de leur être résidait maintenant en ces crimes commis, par la torture de leur libre arbitre. Dressés à combattre, élevés à tuer, cachot et hématomes en récompenses du refus. Pour les autres, un peu de pain et d'eau. Aux yeux de son frère, Ishiroo n'était plus que sa propre ombre, glaive de la main de Konoha. Hayate lui, avait connu la prison de la Feuille plus de fois que tout autres, sans jamais fléchir. Crachant au visage de ceux qui voulait le soumettre, il avait traîné dans la terre souillé de ces gens. Et comme les choses ne changent qu'avec de grandes choses, l'amour en ait sans doute une, lorsqu'elle vint se mêler à cette histoire.
C'était là une après-midi comme les autres pour les Toukkens : entraînement intensif au Dojo. Mais aujourd'hui, une nouvelle venue était là. Osâko Uchiwa, la fille de Kyuusei, venue pour assister les senseïs. Magnifique, son premier échange de regard avec Hayate entama la tragédie. Le coup de foudre était né. Elle aussi âgée de dix-sept ans, elle était déjà l'héroïne du village - sans avoir fait la moitié de ce que les "chiens de Konoha" avait put faire. Bientôt, le jeune Toukken en vint à se tenir a carreau uniquement afin de pouvoir se rendre aux cours, et de voir la belle. Leur relation ne mit pas longtemps à prendre d'autres proportions, un amour interdit, car si Kyuusei venait à savoir que sa fille fricotait avec lui, le pire serait à venir. Il ne tarda pas d'ailleurs à le découvrir. Sa colère fut telle qu'il ordonna l'exécution du garçon sans préavis. Mais celui-ci avait son coup d'avance : il devait retrouver sa bien aimée aux remparts la nuit-même, pour quitter à jamais tout cela. Se jouant des gardes et défiant les règles imposée aux siens, il quitta le dortoir, tandis que son frère et d'autres étaient en mission. Il arriva bientôt au point de rendez-vous... seul. Osâku n'était pas là, ce qui était étrange. Hayate ne tarda pas à comprendre qu'il s'était passé quelque chose. L'instant d'après, une voix plus que familière vint percer le silence de Konoha. Ishiroo était là, armé, et les craintes d'Hayate étaient véridiques : son frère était là pour l'arrêter. En mission plus exactement, sous les ordres de Kyuusei. Comment avait-il put en venir à être ainsi aveuglé par les ceux qui avaient massacré son clan, fait de lui un esclave. Mais rien n'aurait sut lui faire entendre raison, il semblait dénudé de toute capacité à réfléchir. Comme un légume.

Les yeux d'Hayate prirent alors une toute autre apparence. Leur sclère devint noire, laissant apparaître une étrange pupille complètement blanche. C'était là l'étonnant Dojutsu dont son père avait percé le secret, tout comme Ishiroo. Selon la légende que très peu de gens connaissaient, les Mukushis était là depuis la nuit des temps, en tant que clan d'exorcistes. Maudits à jamais à être hantés par les tourments des âmes et des esprits égarés, ils avaient entre autre le pouvoir d'exploiter ou d'emprisonner ces ectoplasmes. Pour les plus fantasques, les membres du clan était aussi capable d'invoquer un Shinigami, ange de la mort. Mais revenons en à cet affrontement fratricide : nulle doute qu'avec deux Hitomi Seishin [ 瞳 精神 - L'Oeil de l'Âme ] éveillés dans la même zone, les apparitions culmineraient dans le coin. Ce soir là, la bataille fit rage. Ce soir là, Hayate perdit les deux êtres les plus chers à ses yeux. Son frère et sa bien aimée, qui solda sa désobéissance envers son père par la mort. Tel un fantôme, il disparut... à jamais.

La rédemption ne fut pas chose facile, et après avoir entrevu la mort de son aîné sur le fil de sa lame, Hayate s'exila, comme il avait prévu de le faire. Enfin, pas tout à fait. Il était desormais seul dans un monde régit par la loi des bêtes. Celle du plus fort. Mais la chance ne l'oublia pas totalement, et sur sa route laissa naître une nouvelle rencontre, propice à l'espoir. Un groupe de shinobis vouant leur existence au vagabondage, comme les Mukushis autrefois. Ce groupe de déserteurs - voire même n'ayant jamais connu "l'hospitalité" des villages ninjas pour certains - errait sans but précis. Défiant la mort dans une danse macabre, ils allaient et venaient en bandits de grand chemin. Hayate ne se joignit jamais à leurs opérations de pillage, ce n'était pas dans sa nature. Il se trouva d'autres utilités, jusqu'à mettre sa vengeance en place. Osâku Uchiwa. Il obsédait son esprit comme aucun autre, et même les voix des esprits qui le tourmentaient ne parvinrent pas à le détacher de son obsession. Longtemps, il traqua l'homme qui lui avait causé tant de mal, tant de tracas. Son unique but était maintenant d'en venir à bout, d'une manière ou d'une autre. C'est ainsi que la dernière scène se joua.
Les hommes du groupuscule Nuke-nin prirent en embuscade l'équipe d'Osâku, en mission pour Konoha. La bataille fit rage, et Hayate se réserva le droit de combattre son ennemi juré. C'était un combat de haine. Celui qui aurait le plus de hargne sortirait sans doute vainqueur. Et la rage coula à flot. Ce n'était plus des hommes, mais des animaux qui se livraient cet affrontement. Et sans préavis, l'exilé arracha de sa lame ce cœur de pierre qui avait scellé le sien. Souillé de tout ces meurtres, de ce sang. Le Mukushi s'effaça pour la dernière fois, quittant les hommes qui l'avaient aidé dans sa tâche. Il était devenu la proie des hommes. Errant, comme il l'avais toujours fait. A jamais.